Burnout: une réalité qui s'installe, un défi pour les entreprises

Helena Delaleux

Publié le: 8 août 2025

Loin d’être un simple effet de mode ou une lubie RH, le burnout s’impose aujourd’hui comme un enjeu majeur du monde du travail. Épuisement physique, détresse mentale, perte de sens : les signaux d’alerte se multiplient dans les entreprises, tandis que les témoignages affluent. En tant que recruteur, nous sommes bien placés pour mesurer l’ampleur du phénomène, ses causes, et ses conséquences sur les trajectoires professionnelles.

Une pression devenue structurelle

Selon le dernier baromètre Empreinte Humaine – OpinionWay (2024), près d’un salarié sur cinq en France serait en risque élevé de burnout. Un chiffre en constante progression, notamment chez les cadres et les profils qualifiés. Le stress n’est plus ponctuel : il devient systémique, souvent nourri par des charges de travail chroniques, une culture de l’urgence, et un manque d’écoute.

Loin de concerner uniquement les grandes entreprises, le phénomène touche aussi les structures plus petites, parfois moins outillées pour détecter les signaux faibles ou accompagner les collaborateurs en difficulté.

Un impact silencieux sur les carrières

Côté recrutement, les effets sont tangibles. Certains candidats expliquent des “pauses” professionnelles sans rentrer dans les détails. D’autres changent brutalement de secteur, ou fuient des environnements toxiques sans avoir de plan clair. Le burnout laisse des traces : perte de confiance, difficulté à se projeter, prudence excessive vis-à-vis de postes à responsabilités.

Ce que les candidats peuvent faire

Face à ce constat, que peuvent faire les talents pour préserver leur équilibre ? Quelques réflexes simples s’imposent :

Écouter les premiers signaux : fatigue qui ne passe pas, irritabilité, perte de concentration, cynisme inhabituel.
Poser des limites : horaires déconnectés, pauses réelles, droit à la déconnexion.
Rétablir du sens : dans le poste, dans l’environnement, dans le collectif.
Demander de l’aide : via un thérapeute, un médecin du travail, un coach ou simplement un proche de confiance.

Dans un marché encore instable, il peut être tentant d’accepter tout poste ou de “tenir bon”. Mais un bon job est un job qu’on peut occuper durablement.

Et du côté des entreprises ?

Certaines entreprises ont compris qu’un engagement durable ne peut exister sans santé mentale préservée. Elles agissent, parfois discrètement mais efficacement : encadrement plus humain, flexibilité réelle, attention portée aux signaux faibles, soutien psychologique accessible.

D’autres en revanche, peinent à changer leurs pratiques ou à reconnaître le rôle qu’elles jouent dans la souffrance de leurs équipes. Pourtant, les coûts sont réels : absentéisme en hausse, turnover croissant, image employeur abîmée.

Investir dans la prévention du burnout, ce n’est pas du confort RH : c’est une nécessité stratégique. D’autant que les nouvelles générations de talents choisissent aujourd’hui leurs employeurs aussi pour leur capacité à respecter l’humain, à offrir un cadre de travail viable et soutenable.

Vers une culture du travail plus saine

Il ne s’agit pas d’édulcorer la réalité : le monde du travail restera exigeant. Mais il est urgent de sortir d’un modèle où l’épuisement devient une norme tacite, voire un passage obligé vers la réussite.

Recruteurs, employeurs, salariés : chacun a un rôle à jouer pour bâtir un environnement professionnel plus équilibré, plus lucide et plus humain.

Articles actuels